De la mobilité électrique en passant par la restauration livrée pour arriver à la #Pérennité Programmée.
Une histoire d’amitié, une passion ancienne pour les motos et un déjeuner. Tels sont les ingrédients de départ de l’aventure Mob-ion. On est en 2014 et je m’apprête à déjeuner en famille avec François Wettling, un ami de longue date, qui venait de récupérer le fonds de commerce de son ancien garage Kawasaki de Saint-Gratien dans le Val d’Oise, où je faisais réparer mes motos à une époque. J’avais notamment une Yamaha qu’il appelait « mon piano » pour attiser les petites blagues entre les propriétaires de Kawasaki et ceux de Yamaha. C’était lui également qui avait hébergé mes scooters électriques, en 2007 pour un test de mobilité électrique, réalisé en collaboration avec Allo Resto. Faute de résultats concluants, les scooters étant dotés de batteries au plomb inamovible, trop compliquées à charger sur les trottoirs, l’expérience a été interrompue. C’était lui encore, qui m’avait vu débarquer un jour dans son garage et changer ces fameuses batteries au plomb en des batteries amovibles au lithium.
Au cours de ce déjeuner, François m’explique son projet d’ouvrir un garage multi marques, destinés aux passionnés de motos, et de proposer des véhicules électriques. Il a même réfléchi au nom : CRUIS’R US en référence à TOYS’R US, en effet, l’idée était de faire un magasin de jouets pour les grands. Pour moi qui avais expérimenté la mobilité électrique depuis 2007 et qui venais de passer 4 ans au Maroc où j’avais exploité une flotte de plus de 150 scooters électriques, ce projet avait tout son sens. L’aventure commençait… Pendant quelques mois, j’ai sillonné la toile puis le monde à la recherche des différents modèles qui existaient sur le marché. À l’époque, notre garage ressemblait plus à un espace d’exposition qu’à un business car le moindre véhicule valait une fortune et les ventes étaient très difficiles. C’est pour contourner cet obstacle que nous avons eu l’idée de proposer nos motos et nos scooters électriques à la location. CRUIS RENT est né dans la foulée et très vite, j’ai rencontré le nouveau directeur général d’Allo Resto by Just Eat qui m’a demandé si nous pourrions louer nos scooters électriques à leurs partenaires restaurants. Avec l’émergence des batteries au lithium amovibles, c’était évidemment un segment sur lequel je réfléchissais depuis longtemps. Le précédent CEO de Just Eat m’avait même proposé, au cours des négociations pour la vente de Allo Resto à Just Eat, de devenir son CEO (Chief Ecological Officer). Une blague avec un aspect prémonitoire, au moins sur l’importance de l’écologie désormais ?
Après avoir convenu de la mise en place d’une délégation de paiement avec Allo Resto, les locations des scooters ont commencé. Nous nous sommes installés aux Grands Voisins en plein centre de Paris (75014), grâce à l’aide de l’assemblée virtuelle, nous avions accès à la fabrique des communs de Paris. Nous avons réuni un échantillonnage d’une trentaine de véhicules, à l’époque, de 4 modèles différents. Un modèle italien a émergé, même si nous avions toujours l’ambition de développer un scooter électrique français en France. Je fais en effet partie de ces idéalistes convaincus que la délocalisation est un mauvais calcul ne contribuant qu’à appauvrir notre écosystème. Nous avons d’ailleurs œuvré avec un constructeur français sur le sujet avant de nous apercevoir qu’il négociait avec des prestataires chinois pour délocaliser sa production. Une déconvenue qui n’a fait que renforcer notre volonté de fabriquer notre scooter en France !
Afin de mieux comprendre le marché et de déployer une solution pérenne, nous avons lancé toute une série d’études. Pendant plusieurs semaines, des équipes d’analystes marketing ont ainsi arpenté les rues de Paris et de sa banlieue pour relever les plaques d’immatriculation et les compteurs de 400 scooters de livraison. Les résultats ont été sans appel ! Avec environ 1 000 kilomètres par mois au compteur, il nous fallait un scooter très robuste. Un constat corroboré par d’autres statistiques, issues des données d’usage relevées grâce à des boîtiers communicants, qui ont montré qu’en moyenne un scooter de livraison saute 47 trottoirs et subit 61 béquillages par jour. Or, les deux-roues que nous avions sélectionnés étaient des scooters domestiques, transformés en véhicules de livraison grâce à un système de support de caisson à l’arrière. Conçus pour rouler peu et par temps sec, ces engins cumulaient des problèmes techniques et d’étanchéité. Poussés à leur maximum par les livreurs, ils étaient revendus au bout de 12 à 18 mois dans le meilleur des cas. Un postulat s’est alors imposé à nous : nous devions imaginer un moyen de rallonger la durée de vie de nos scooters. C’est à ce moment-là que la notion de pérennité programmée a émergé. Sortir de cette économie de la consommation linéaire et imaginer une économie fondée sur la fonctionnalité, ou plus précisément la fiabilité, devenait une nécessité. Le changement de paradigme trouvait tout son sens puisque le client ne nous achetait plus un scooter, mais un outil de livraison ; nous ne lui fournissions plus un produit, mais un service avec une obligation de moyens : lui garantir un scooter pour lui permettre d’assurer la continuité de ses livraisons.
Stratégiquement, ce nouveau positionnement a modifié la donne de départ. Commercialement, nous sommes devenus incontournables. Il ne nous restait plus qu’à nous aligner sur les prix des scooters thermiques. Nous avons alors imaginé une solution de financement en collaboration avec Just Eat qui prenait à sa charge la fourniture et l’installation du caisson, en échange de publicité gratuite. Ce changement de paradigme est intervenu au moment où nous avons décidé de franchir le cap et de devenir constructeur de notre propre modèle de scooter électrique. Animés par la volonté de développer une mécanique très solide et une électronique au top de la fiabilité, nous avons sélectionné nos équipementiers en fonction de leurs valeurs et de la forte qualité de leurs produits. Pour des raisons de coût, seuls le carénage et les pièces de notre partie cycle (introuvable en Europe pour cette typologie de deux-roues) sont toujours conçus en Chine. Aujourd’hui, nous privilégions l’écoconception et le principe de Design for Disassembly (DFD). Grâce au DFD, il est possible de désassembler toutes les pièces détachées qui compose notre produit. Les différentes pièces qui les composent sont alors récupérées pour être remontées par la suite, sans casse ou soudure. Autrement dit, nous faisons du neuf avec du vieux ! Les équipementiers avec lesquels nous travaillons ont un tel niveau d’exigence que lorsque nous désassemblons leurs pièces pour leur redonner une seconde vie, nous arrivons à renforcer la qualité initiale.
Notre scooter Mob-ion AM1 vient d’être homologué et est en cours de certification Origine France Garantie. Ce label garantit que le produit sélectionné tire ses caractéristiques essentielles en France et qu’au moins 50 % de son prix de revient est français. La fabrication locale de la batterie à Mérignac, dans la Nouvelle Aquitaine, de l’électronique de gestion de la batterie et du contrôleur à coté de Nantes, en Loire-Atlantique, nous permet d’atteindre plus de 70 %. Un chiffre qui va tendre à augmenter dans les prochaines années.
La fabrication de notre scooter Mob-ion AM1 débute à Bezons dans le Val d’Oise. Nous allons en produire 150 cet été pour une livraison début septembre et espérons pouvoir en recommander 500 d’ici fin octobre. L’objectif est d’en commercialiser entre 300 et 500 cette année. Notre usine de Bezons sera bientôt trop petite, nous sommes en train de créer plusieurs lignes de production à trois filières, à Guise dans l’Aisne avec l’entreprise Tidee, pour la fabrication de notre scooter et de nouvelles batteries pour le stockage d’énergie et bornes de recharges indispensables à notre développement.
Mob-ion, une histoire qui commence dans un garage !
De la mobilité électrique en passant par la restauration livrée pour arriver à la #Pérennité Programmée.
Une histoire d’amitié, une passion ancienne pour les motos et un déjeuner. Tels sont les ingrédients de départ de l’aventure Mob-ion. On est en 2014 et je m’apprête à déjeuner en famille avec François Wettling, un ami de longue date, qui venait de récupérer le fonds de commerce de son ancien garage Kawasaki de Saint-Gratien dans le Val d’Oise, où je faisais réparer mes motos à une époque. J’avais notamment une Yamaha qu’il appelait « mon piano » pour attiser les petites blagues entre les propriétaires de Kawasaki et ceux de Yamaha. C’était lui également qui avait hébergé mes scooters électriques, en 2007 pour un test de mobilité électrique, réalisé en collaboration avec Allo Resto. Faute de résultats concluants, les scooters étant dotés de batteries au plomb inamovible, trop compliquées à charger sur les trottoirs, l’expérience a été interrompue. C’était lui encore, qui m’avait vu débarquer un jour dans son garage et changer ces fameuses batteries au plomb en des batteries amovibles au lithium.
Au cours de ce déjeuner, François m’explique son projet d’ouvrir un garage multi marques, destinés aux passionnés de motos, et de proposer des véhicules électriques. Il a même réfléchi au nom : CRUIS’R US en référence à TOYS’R US, en effet, l’idée était de faire un magasin de jouets pour les grands. Pour moi qui avais expérimenté la mobilité électrique depuis 2007 et qui venais de passer 4 ans au Maroc où j’avais exploité une flotte de plus de 150 scooters électriques, ce projet avait tout son sens. L’aventure commençait… Pendant quelques mois, j’ai sillonné la toile puis le monde à la recherche des différents modèles qui existaient sur le marché. À l’époque, notre garage ressemblait plus à un espace d’exposition qu’à un business car le moindre véhicule valait une fortune et les ventes étaient très difficiles. C’est pour contourner cet obstacle que nous avons eu l’idée de proposer nos motos et nos scooters électriques à la location. CRUIS RENT est né dans la foulée et très vite, j’ai rencontré le nouveau directeur général d’Allo Resto by Just Eat qui m’a demandé si nous pourrions louer nos scooters électriques à leurs partenaires restaurants. Avec l’émergence des batteries au lithium amovibles, c’était évidemment un segment sur lequel je réfléchissais depuis longtemps. Le précédent CEO de Just Eat m’avait même proposé, au cours des négociations pour la vente de Allo Resto à Just Eat, de devenir son CEO (Chief Ecological Officer). Une blague avec un aspect prémonitoire, au moins sur l’importance de l’écologie désormais ?
Après avoir convenu de la mise en place d’une délégation de paiement avec Allo Resto, les locations des scooters ont commencé. Nous nous sommes installés aux Grands Voisins en plein centre de Paris (75014), grâce à l’aide de l’assemblée virtuelle, nous avions accès à la fabrique des communs de Paris. Nous avons réuni un échantillonnage d’une trentaine de véhicules, à l’époque, de 4 modèles différents. Un modèle italien a émergé, même si nous avions toujours l’ambition de développer un scooter électrique français en France. Je fais en effet partie de ces idéalistes convaincus que la délocalisation est un mauvais calcul ne contribuant qu’à appauvrir notre écosystème. Nous avons d’ailleurs œuvré avec un constructeur français sur le sujet avant de nous apercevoir qu’il négociait avec des prestataires chinois pour délocaliser sa production. Une déconvenue qui n’a fait que renforcer notre volonté de fabriquer notre scooter en France !
Afin de mieux comprendre le marché et de déployer une solution pérenne, nous avons lancé toute une série d’études. Pendant plusieurs semaines, des équipes d’analystes marketing ont ainsi arpenté les rues de Paris et de sa banlieue pour relever les plaques d’immatriculation et les compteurs de 400 scooters de livraison. Les résultats ont été sans appel ! Avec environ 1 000 kilomètres par mois au compteur, il nous fallait un scooter très robuste. Un constat corroboré par d’autres statistiques, issues des données d’usage relevées grâce à des boîtiers communicants, qui ont montré qu’en moyenne un scooter de livraison saute 47 trottoirs et subit 61 béquillages par jour. Or, les deux-roues que nous avions sélectionnés étaient des scooters domestiques, transformés en véhicules de livraison grâce à un système de support de caisson à l’arrière. Conçus pour rouler peu et par temps sec, ces engins cumulaient des problèmes techniques et d’étanchéité. Poussés à leur maximum par les livreurs, ils étaient revendus au bout de 12 à 18 mois dans le meilleur des cas. Un postulat s’est alors imposé à nous : nous devions imaginer un moyen de rallonger la durée de vie de nos scooters. C’est à ce moment-là que la notion de pérennité programmée a émergé. Sortir de cette économie de la consommation linéaire et imaginer une économie fondée sur la fonctionnalité, ou plus précisément la fiabilité, devenait une nécessité. Le changement de paradigme trouvait tout son sens puisque le client ne nous achetait plus un scooter, mais un outil de livraison ; nous ne lui fournissions plus un produit, mais un service avec une obligation de moyens : lui garantir un scooter pour lui permettre d’assurer la continuité de ses livraisons.
Stratégiquement, ce nouveau positionnement a modifié la donne de départ. Commercialement, nous sommes devenus incontournables. Il ne nous restait plus qu’à nous aligner sur les prix des scooters thermiques. Nous avons alors imaginé une solution de financement en collaboration avec Just Eat qui prenait à sa charge la fourniture et l’installation du caisson, en échange de publicité gratuite. Ce changement de paradigme est intervenu au moment où nous avons décidé de franchir le cap et de devenir constructeur de notre propre modèle de scooter électrique. Animés par la volonté de développer une mécanique très solide et une électronique au top de la fiabilité, nous avons sélectionné nos équipementiers en fonction de leurs valeurs et de la forte qualité de leurs produits. Pour des raisons de coût, seuls le carénage et les pièces de notre partie cycle (introuvable en Europe pour cette typologie de deux-roues) sont toujours conçus en Chine. Aujourd’hui, nous privilégions l’écoconception et le principe de Design for Disassembly (DFD). Grâce au DFD, il est possible de désassembler toutes les pièces détachées qui compose notre produit. Les différentes pièces qui les composent sont alors récupérées pour être remontées par la suite, sans casse ou soudure. Autrement dit, nous faisons du neuf avec du vieux ! Les équipementiers avec lesquels nous travaillons ont un tel niveau d’exigence que lorsque nous désassemblons leurs pièces pour leur redonner une seconde vie, nous arrivons à renforcer la qualité initiale.
Notre scooter Mob-ion AM1 vient d’être homologué et est en cours de certification Origine France Garantie. Ce label garantit que le produit sélectionné tire ses caractéristiques essentielles en France et qu’au moins 50 % de son prix de revient est français. La fabrication locale de la batterie à Mérignac, dans la Nouvelle Aquitaine, de l’électronique de gestion de la batterie et du contrôleur à coté de Nantes, en Loire-Atlantique, nous permet d’atteindre plus de 70 %. Un chiffre qui va tendre à augmenter dans les prochaines années.
La fabrication de notre scooter Mob-ion AM1 débute à Bezons dans le Val d’Oise. Nous allons en produire 150 cet été pour une livraison début septembre et espérons pouvoir en recommander 500 d’ici fin octobre. L’objectif est d’en commercialiser entre 300 et 500 cette année. Notre usine de Bezons sera bientôt trop petite, nous sommes en train de créer plusieurs lignes de production à trois filières, à Guise dans l’Aisne avec l’entreprise Tidee, pour la fabrication de notre scooter et de nouvelles batteries pour le stockage d’énergie et bornes de recharges indispensables à notre développement.
Notre objectif est de trouver des solutions en France ou en Europe pour créer un écosystème européen fiable et pérenne.